4 | 2025Varia

Notes de la rédaction

Dans un contexte politique marqué par une offensive anti-genre, où l’administration du président des États-Unis s’attaque directement aux programmes de recherche sur le genre et aux vies des personnes minorisées, il apparaît plus que jamais vital de préserver les espaces de possibles. L’Europe est elle aussi touchée par cette rhétorique, puisque l’on assiste à de nets reculs des droits des minorités sexuelles, de genre et raciales dans un climat de normalisation des discours de haine à leur encontre.

Ce quatrième numéro tente de rendre visibles les enjeux que soulèvent ces attaques à travers les analyses menées par des chercheur·ses engagé·es. La pluralité des perspectives proposées témoigne de l’enchevêtrement des problématiques actuelles. Elles sont prises par le bout de la théorie, de la recherche empirique, de l’écriture expérientielle, de la traduction, de la recension d’ouvrage. Ce qui traverse ces différentes formes, c’est la capacité de penser la subjectivité des acteur·rices comme condition même de la production de savoirs critiques. 

Les contributions empiriques de ce numéro s’appuient sur des méthodes qualitatives et situées. Une étude du vécu lesbien explore les stratégies d’(in)visibilisation déployées face à l’hétéronormativité, tandis que le travail sur le coming-in au sein des familles impliquées dans La Manif Pour Tous, interroge les parcours de subjectivation dans ces contextes familiaux. Ces deux recherches trouvent un écho dans la traduction en français d’un texte marquant des années 1990 croisant les théories du positionnement situé avec les méthodes qualitatives en psychologie. C’est à partir d’une approche intersectionnelle que l’article sur la figure de la fanm poto-mitan montre les injonctions à la force imposées aux femmes afro-descendantes et leurs conséquences psychiques. L’article portant sur la norme du male gaze interroge, quant à lui, les normes visuelles qui fabriquent nos représentations et dénonce la naturalisation d’un cadrage sexiste.

La réflexion éthique sur le sadomasochisme, entre Sade et Sacher-Masoch, invite à repenser le consentement et la domination à partir des subjectivités engagées dans des pratiques sociales, littéraires et sexuelles. Enfin, Fabrice Bourlez signe une recension élogieuse de La race sur le divan, ouvrage essentiel de Thamy Ayouch. Sa lecture permet de comprendre en quoi ce livre est important pour la pratique psychanalytique et plus largement, pour maintenir ouvertes les possibilités « d’inventer un peu de joie ». 

Quoi de mieux pour se lancer dans la lecture ?        

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