De Dora à #Metoo : culture du viol, culture de l’inceste et perspectives critiques en psychanalyse

  • From Dora to #Metoo: Rape culture, incest culture and critical perspectives in psychoanalysis

DOI : 10.71616/556

Résumés

Renouvelée par #Metoo, l’identification de la culture du viol — excuse des coupables, responsabilisation des victimes — peut être appliquée à la psychanalyse. Deux moments majeurs de la pensée de Freud sont analysés ici dans cette perspective. Premièrement, en 1897 ; l’abandon de la réalité des violences sexuelles et de l’inceste dans l’enfance des femmes dites hystériques au profit de la théorie du fantasme et du complexe d’Œdipe. Deuxièmement, Fragment d’une analyse d’hystérie (Dora), écrit en 1901, dans lequel Freud cherche à persuader une femme de 18 ans qu’elle est amoureuse de l’homme qui l’a agressée sexuellement à l’âge de 13 ans. La culture du viol s’y révèle massivement à l’œuvre. Quelques auteurs, dont Ferenczi, ont tenté d’affirmer la réalité des violences sexuelles, mais ils ont été rapidement ostracisés. On peut donc distinguer une psychanalyse réactionnaire, justifiant ou invisibilisant les dominations, et une psychanalyse critique, tenant compte des rapports sociaux de dominations et de leurs effets.

Strengthened by #Metoo, the identification of rape culture — indulgence for perpetrators, accountability for the victim accountability to psychoanalysis. Two major moments of Freud’s thought are analyzed here from this perspective. First, the replacement in 1897 of the reality of sexual violence and incest in the infancy of so-called hysterical women by of the theory of fantasy and the complex of Oedipus. Secondly, Fragment of an Analysis of Hysteria (Dora), written in 1901, in which Freud seeks to persuade an 18-year-old woman that she is in love with the man who sexually assaulted her when she 13 years old. The culture of rape is massively revealed here. Some authors, including Ferenczi, have tried to affirm the reality of sexual violence, but they were quickly ostracized. One can therefore distinguish a reactionary psychoanalysis, justifying or invisibilizing the dominations, and a critical psychoanalysis, taking into account social relations of dominations and their effects.

Plan

Texte

Si l’on passe outre et que l’on continue le travail, on a bientôt les premières preuves que le « non » signifie dans ce cas le « oui ».
(Freud, 1905/1977, p. 42)

Ces deux années, 1896 et 1897, si décisives pour Freud, pour la psychanalyse et, peut-être pour l’Occident.
(Balmary, 1979/1997, p. 183)

Introduction

Avec toute la force de #MeToo, puis #MeTooInceste, le mouvement féministe a repris la question des violences sexistes et sexuelles et de la culture du viol, à savoir « la manière dont une société se représente le viol, les victimes de viol et les violeurs à une époque donnée » (Rey-Robert, 2021, p. 41). La culture du viol « s’appuie toujours sur un certain nombre d’idées reçues autour des violences sexuelles et provoque systématiquement des phénomènes similaires observables : fatalisation du viol, excuse des coupables, culpabilisation des victimes » (p. 31), qui déterminent ainsi le « transfert des responsabilités du coupable vers sa victime » (p. 44). Les idées reçues sur le viol « permettent de nier et justifier l’agression sexuelle masculine contre les femmes » (Lonsway et Fitzgerald, citées par Rey-Robert, 2021, p. 46). Les procédés rhétoriques passent par la négation, la minimisation et la banalisation du viol et de ses effets, par la mise en doute des propos de la victime — refus de présomption de crédibilité aux victimes alors qu’elle est accordée aux victimes d’agressions non sexuelles — tandis que l’on dresse du violeur un portrait positif et que l’on trouve des excuses à sa violence (Rey-Robert, 2021). La culture du viol implique la négation du non-consentement (Salmona, 2020, 2021, 2022). Plus largement, la culture du viol légitime le continuum des violences envers les femmes, le continuum féminicidaire défini par Christelle Taraud (2022). Un tel continuum, un continuum infanticidaire, est identifié aussi pour les enfants, allant de l’adultisme ordinaire à l’infanticide, comme le rappelle le Collectif enfantiste.

Dans cette perspective, je reviens sur deux moments importants de la pensée de Freud. D’abord la découverte suivie par l’abandon de la réalité des traumatismes sexuels dans l’enfance en 1895-1897. Puis les conséquences théoriques et cliniques qu’il en déploie dans « Fragment d’une analyse d’hystérie (Dora) » écrit en 1901. J’en propose ici une lecture critique prenant en compte la domination masculine, et la domination adulte (Bonnardel, 2015 ; Benoit, 2023 ; Bourdille, 2025 ; Delanoë, 2017a ; Piterbraut-Merx, 2024) et donc le concept de culture du viol, dont un paradigme est que lorsqu’une femme dit « Non », ça veut dire « Oui ».

Un point de vue situé

Dans la perspective des épistémologies du point de vue développées par Eléonore Lépinard et Sarah Mazouz (2021), je donnerai des éléments sur ma position sociale et mes engagements. Je suis psychiatre, psychothérapeute et anthropologue. J’ai une formation analytique mais je ne suis pas psychanalyste. Je suis responsable d’une unité de consultation transculturelle, où nous recevons des personnes en situation migratoire (Mestre et Moro, 2011 ; Moro, 2011, 2020) et où nous travaillons avec l’histoire individuelle, familiale et collective, notamment coloniale et post-coloniale (Delanoë et Moro, 2016 ; Fanon, 1952/2001, 1961/2002 ; Lazali, 2018 ; Mansouri, 2013 ; Mansouri et Delanoë, 2024). Nous accueillons les traumatismes (Baubet et al., 2003 ; Lachal, 2006, 2015 ; Mengin et Rolling, 2023 ; Mestre, 2016 ; Mestre et al., 2022 ; Mestre et Depaire, 2025 ; Van der Kolk, 2018). Et nous intégrons l’anthropologie, en particulier les systèmes de parenté et les explications culturelles de la maladie et de l’infortune (Bonnet et Delanoë, 2020, 2022, 2023 ; Delanoë, 2017b ; Delanoë et Bonnet, 2025). Nous accueillons entre autres les manifestations de processus inconscients, associations libres, rêves, hallucinations, comportements énigmatiques, transmissions interpsychiques et d’autres encore, en les considérant comme la figuration de l’expérience personnelle ou transgénérationnelle et de ses traumatismes, et sans les assigner à l’expression d’un désir sexuel refoulé (Lahire, 2021). Et nous travaillons aussi avec notre propre histoire (Delanoë, 2024a ; Delanoë et al., 2024). Je m’intéresse aux rapports sociaux de dominations dans différents contextes (Delanoë, 2001, 2017b, 2024b ; Delanoë et Moro, 2020 ; Delanoë et al., 2012 ; Delanoë et Trespeuch-Berthelot, 2018 ; Delanoë et al., 2023 ; Trespeuch-Berthelot et Delanoë, 2016). En 1979, je me suis engagé dans le mouvement pour la reconduction de la loi Veil sur l’interruption volontaire de grossesse (Lalande et Soulat, 2024). J’ai ensuite participé à une recherche engagée sur la contraception masculine (Delanoë, 1984, Delanoë et al., 1984). Dans les années 1990, j’ai fait une thèse d’anthropologie sociale et ethnologie à l’EHESS sur la construction sociale de la ménopause, Critique de l’âge critique. C’était la première thèse sur cette question (Delanoë, 2001, 2012). Depuis 2011, je fais des recherches sur la violence éducative et la domination des adultes sur les enfants, un sujet quasi absent des sciences humaines sociales jusque-là (Delanoë, 2017a, 2022 ; Maurel, 2012) et je me suis engagé dans la critique de ces violences (Delanoë et al., 2021 ; Delanoë et Mestre, 2025 ; Observatoire de la violence éducative ordinaire ; Collectif enfantiste).

C’est dans le contexte du mouvement #MetooInceste que, à l’automne 2021, Claire Mestre, également psychiatre, psychothérapeute et anthropologue, m’a fait part, de témoignages de personnes en analyse depuis longtemps et qui, à ce moment, ont eu accès à des souvenirs d’inceste. Incestes dont l’existence était devenue pensable pour ces personnes, et même pour leur analyste, grâce au puissant mouvement social de dénonciation. Nous avons alors organisé le séminaire Les dominations, un impensé de la psychanalyse ? accueilli par Marie Rose Moro à la Maison des adolescents de l’hôpital Cochin à Paris (Delanoë et Mestre, 2022-2026)1. Nous avons consacré la première séance, en octobre 2022, à la question de l’inceste avec Eva Thomas et Bruno Clavier (Clavier, 2021, 2022a, 2022b ; Thomas, 1986/2021, 2022). Séminaire dont se nourrit aussi le présent article, dont cependant je porte seul la responsabilité.

La découverte de l’inceste et son abandon

Nous devons à Jeffrey Masson la reconstitution des étapes de la découverte par Freud du traumatisme sexuel et de l’inceste chez les « hystériques », puis de son abandon en 1897 (Delanoë et Mestre 2024 ; Masson, 1984/2012a, 2024). Son enquête dans les archives de Freud a permis l’édition de l’intégralité de sa correspondance avec Wilhelm Fliess (Freud, 2006). Dans les Études sur l’hystérie publiées en 1895, Freud fait le lien entre les symptômes de ses patientes et des traumatismes passés. Dans un des cinq cas exposés, il s’agit d’agressions sexuelles commises par le père sur la patiente et une cousine : « L’angoisse dont souffre Katharina au cours de cet accès est une angoisse hystérique, c’est-à-dire la répétition de l’angoisse apparue lors de chacun des traumatismes sexuels » (Freud et Breuer, 1895/1990, p. 106).

La découverte de la source du Nil

L’année suivante, en 1896, dans L’hérédité et l’étiologie des névroses, Freud écrit : « Dans aucun de ces cas ne manquait l’évènement (…) représenté par un attentat brutal commis par une personne adulte ou par une séduction moins rapide et moins repoussante mais aboutissant à la même fin » (1896/1988a, p. 55). La même année, le 21 avril 1896, il fait une communication, L’étiologie de l’hystérie, à la société de psychiatrie et de neurologie de Vienne, publiée peu après, où il expose cette idée nouvelle et courageuse :

À la base de chaque cas d’hystérie on trouve un ou plusieurs évènements d’une expérience sexuelle prématurée, qui appartiennent à la jeunesse la plus précoce. […] Je considère qu’il s’agit là d’une révélation importante, quelque chose comme la découverte d’une caput Nili de la neuropathologie. (Freud, 1896/1988b, p. 95)

C’est bien une découverte majeure, comparable à la découverte de la « source du Nil », si longtemps recherchée. Selon Masson, « Freud a sans doute été la première personne à mesurer l’étendue des abus sexuels dans la société » (1984/2012a, p. 26). Freud a réalisé une rupture fondamentale avec la psychiatrie : « Avant Freud, les psychiatres qui entendaient de telles histoires accusaient leurs patientes d’être des menteuses hystériques. Freud a été le premier à croire ses patientes » (p. 42).

Début 1897, Freud identifie des mécanismes du trauma qui ont été conceptualisés depuis par la psychotraumatologie. Dans la lettre à Fliess du 2 mai 1897 (lettre 126), il écrit :

Je suis d’abord arrivé à me faire une idée sûre de la structure d’une hystérie. Tout se ramène à la reproduction de scènes. Les unes peuvent être obtenues directement, les autres seulement en passant par des fantaisies placées devant. Les fantaisies proviennent de ce qui a été entrevu et compris, après coup, bien sûr elles sont vraies dans le matériel qui les constitue. Elles sont des constructions de protection, des sublimations de faits, des embellissements de ceux-ci, elles servent en même temps à l’autosoulagement. Elles proviennent, peut-être, accidentellement, de fantaisies d’onanisme. (Freud, 2006, p. 303)

Freud admet ici la réalité des « scènes », et esquisse l’idée forte qu’une fonction du fantasme est de figurer le traumatisme. Il laisse toutefois une certaine place à l’onanisme, influencé par les théories médicales de l’époque attribuant de nombreux effets pathologiques à la masturbation. Quelques lignes plus loin, Freud entrevoit probablement ce que la psychotraumatologie désigne depuis comme des reviviscences traumatiques :

Une seconde découverte importante me dit que la formation psychique qui est frappée par le refoulement dans l’hystérie n’est pas faite à proprement parler de souvenirs, car aucun être humain ne s’adonne sans raison à une activité de souvenir, mais d’impulsions qui sont dérivées de scènes originaires. (2006, p. 303)

Cependant, en septembre 1897, Freud abandonne la théorie traumatique de l’abus sexuel et de l’inceste, qu’il nomme souvent séduction2. Il l’écrit dans la célèbre lettre à Fliess du 21 septembre (Lettre 139) : « Je ne crois plus à mes neurotica ». Parmi les raisons de son incroyance subite figure :

L’absence de succès complets. […] Ensuite, la surprise de voir que dans l’ensemble des cas il fallait incriminer le père, comme pervers, sans exclure le mien. […] Alors qu’une telle extension de la perversion vis-à-vis des enfants est quand même peu vraisemblable. […] Puis, troisièmement, le constat certain qu’il n’y a pas de signe de réalité dans l’inconscient, de sorte que l’on ne peut pas différencier la vérité et la fiction investie d’affect. (Dès lors la solution qui restait, c’est que le fantasme sexuel s’empare régulièrement du thème des parents). (Freud, 2006, pp. 334-335)

Ce qui revient à dire que le fantasme exprime un désir sexuel refoulé de l’enfant pour le père.

Logiques de la rétractation de Freud

Comment comprendre ce revirement ? Plusieurs hypothèses ont été avancées. Tout d’abord, la conférence de Freud à la Société de psychiatrie de Vienne a reçu « un accueil glacial de la part de ces ânes, et de la part de Kraft-Ebing ce commentaire : “Cela a l’air d’une fable scientifique” » (Lettre du 26 avril 1896, citée par Schur, 1972, p. 104). Bien que par souci de sa réputation, on lui enjoigne de ne surtout pas le faire, il la publie (Masson, 1984/2012a). Freud confie quelques jours plus tard à Fliess : « Je suis isolé […]. La consigne a dû être donnée de me lâcher, car autour de moi, tout le monde déserte » (Lettre du 4 mai 1896, 2006, p. 258). Freud est ainsi rejeté par ses collègues. Ensuite, Freud dépendait largement des pères qui payaient les séances de ses patientes. Et, de fait : « Pour la première fois cette année mon cabinet est vide » écrit-il dans la même lettre. Enfin, intervient probablement un élément de son histoire personnelle. Dans la lettre du 8 février 1897, il écrit que son père a abusé ses frères et sœurs plus jeunes que lui :

Le mal de tête hystérique avec pression au sommet du crâne, aux tempes etc. relève de scènes, où aux fins d’actions dans la bouche, la tête est fixée. […] Malheureusement, mon propre père a été un de ces pervers et a été responsable de l’hystérie de mon frère (dont les états correspondaient tous à une identification) et de celle de quelques-unes de mes sœurs. (2006, p. 294) 

Il s’agit de fellations imposées. Bruno Clavier (2022) suppose que Sigmund Freud lui-même a subi des fellations qui auraient conduit à son cancer de la mâchoire et qu’il en a gardé une amnésie post-traumatique totale. Quoiqu’il en soit, comme le montre Dorothée Dussy, autrice du livre majeur Le berceau des dominations : anthropologie de l’inceste (2021), toute la fratrie est atteinte lorsqu’un enfant est incesté. D’une façon ou d’une autre, Freud a été affecté par les crimes de son père. Et sans doute qu’il devint plus difficile pour Freud de maintenir l’accusation de son père après son décès le 23 octobre 1896 (Balmary, 1979/1997).

En 1925, Freud écrit : « Je fus finalement forcé de reconnaître que ces scènes de séduction n’avaient jamais eu lieu, et qu’elles n’étaient que des fantasmes que mes patients avaient inventés » (1925/1968, cité par Masson, 1984/2012a, p. 54). En 1933, il écrit encore, que presque toutes ses patientes lui « racontaient qu’elles avaient été séduites par leur père » mais que « les symptômes hystériques dérivent de fantasmes, et non pas d’événements réels. Ce n’est que plus tard que je pus reconnaître dans ce fantasme de la séduction par le père l’expression du complexe d’Œdipe typique chez la femme » (1933/1984, pp. 161-162).

En renonçant à la théorie de l’agression sexuelle, Freud évite l’ostracisation par ses collègues, innocente les pères de ses patientes, maintient sa clientèle, et épargne son père. Ce qui le conduit quelques jours plus tard à la première formulation du complexe d’Œdipe dans lequel le parent sera entièrement disculpé : c’est l’enfant qui désire l’inceste, se sent coupable et en développe des symptômes : « Chez moi aussi j’ai trouvé le sentiment amoureux pour la mère et la jalousie envers le père, et je les considère maintenant comme un évènement général de la prime enfance… S’il en est ainsi, on comprend la force saisissante d’Œdipe Rois » (Lettre 142 du 15 octobre 1897, 2006, p. 344). Freud va ensuite développer ce thème dans L’interprétation des rêves (1900/2003).

J’appliquerai à Freud ces mots de Dorothée Dussy : « Les frères et les sœurs des incestés, tout au long de leur vie, doivent continuer de dealer avec l’obligation de se taire, doublée de l’obligation corollaire de ne pas écouter ceux de la famille qui tenteraient de dire l’inceste » (2021, p. 285), en élargissant le cercle de « ceux de la famille » aux patientes et patients.

Dès lors, les « pères pervers » ne seront plus guère inquiétés jusqu’à #MeTooInceste, lancé le 16 janvier 2021, huit jours après la parution du livre de Camille Kouchner dénonçant l’inceste commis par son beau-père sur son frère jumeau (2021)3. Le travail remarquable de la Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants, décidée par le président de la République une semaine plus tard, a mis en évidence la réalité du système de l’inceste : sa fréquence (un enfant sur dix), la gravité de ses effets et les insuffisances majeures des prises en charge aux niveaux judiciaire, thérapeutique et social (CIIVISE, 2023).

Un dogme pour plus d’un siècle

La volte-face de Freud détermine l’orientation future de la psychanalyse et va largement contribuer aux représentations du viol et de l’inceste dans les cultures judicaires, psychologiques, psychiatriques et du sens commun. Ainsi, en 1974, un manuel de psychiatrie états-unien affirmait que : « L’inceste était extrêmement rare. Seule une femme sur 1,1 million est concernée… L’activité incestueuse… permet aux sujets de mieux s’adapter au monde extérieur » (Henderson, 1974, p. 1536).

Françoise Dolto est célèbre pour avoir défendu la cause des enfants dans la culture psychanalytique et la culture populaire. Pourtant, en 1977, elle a cosigné avec quatre-vingt personnalités une Lettre ouverte à la Commission de révision du code pénal pour la révision de certains textes régissant les rapports entre adultes et mineurs et qui demandait notamment à décriminaliser l’infraction d’attentat à la pudeur commis sans violence sur la personne d’un enfant de moins de 11 ans (Dolto, 1977). Deux ans plus tard, Dolto a été interviewée sur la question du viol dans la revue féministe Choisir, la cause des femmes :

Il n’y a pas de viol du tout, les petites filles sont consentantes. […] Elle ne l’a pas ressenti comme un viol. Elle a simplement compris que son père l’aimait. […] Il suffit que la fille refuse de coucher avec lui, en disant que cela ne se fait pas, pour qu’il la laisse tranquille. (Dolto, 1979, citée par Clavier, 2022, p. 58) 

Ce propos est un concentré de la culture du viol : déni du viol, de la violence ressentie, du rapport de force, déresponsabilisation du violeur, transfert des responsabilités du coupable vers sa victime, qualification du viol incestueux comme acte d’amour. À la suite de Bruno Clavier, il faudrait approfondir la genèse de ce discours chez Dolto, qui dit ailleurs que l’inceste est un drame (Clavier, 2022 ; Dolto, 1998 ; Vincent, 2020).

L’abandon de la théorie de l’inceste est un élément majeur de la culture du viol. Or, les psychanalystes situent précisément la naissance de la psychanalyse à ce moment de la découverte de la vie psychique à travers la découverte du fantasme. Selon Jeffrey Masson (1984/2012a), « la naissance et la perduration de la psychanalyse sont, de l’avis de tous [les psychanalystes] liées à l’abandon de la théorie de la séduction » (p. 259). Il s’agit d’un socle de la psychanalyse, dont le questionnement la remet largement en cause. Jeffrey Masson raconte qu’au début de sa formation de psychanalyste dans les années 1970, le président de la société canadienne de psychanalyse est venu expliquer aux étudiant·es ils recevraient beaucoup de femmes leur disant qu’elles ont été victimes d’inceste mais qu’il ne faudra jamais les croire, car ce sont toujours des fantasmes (2024). Anna Freud écrit ainsi à Jeffrey Masson en 1981 (citée par Masson, 1984/2012a, p. 171) :

S’en tenir à la théorie de la séduction impliquait de renoncer au complexe d’Œdipe et avec lui de renoncer à toute l’importance de la vie fantasmatique consciente et inconsciente. En fait, je pense qu’il n’y aurait pas eu de psychanalyse suite à cela.

Il faut toutefois mentionner un texte d’Anna Freud peu connu et publié en 1981, à la fin de sa vie, dans un livre sur les sévices aux enfants dirigé par Henry Kempe, le pédiatre qui a décrit le syndrome de l’enfant battu dans un article célèbre paru en 1962 (Kempe et al., 1962). Anna Freud entre en contradiction complète avec la théorie qu’elle a défendue jusque-là :

Loin d’être uniquement un fantasme l’inceste est aussi un fait, plus fréquent dans la population à certaines périodes […] Ses effets sont plus importants que l’abandon, la négligence, les mauvais traitements ou toute autre forme d’abus. Ce serait une erreur fatale d’en sous-estimer l’importance et la fréquence4. (A. Freud, 1981/1987, pp. 33-34)

Anna Freud n’en a pas tiré les conséquences sur l’abandon de la théorie de la séduction, laissant la contradiction entière. Cette position relève probablement d’un clivage, d’un processus de dissociation au sens de la psychotraumatologie (Vancappel et Hingray, 2023), qui traverse toute la psychanalyse.

Ainsi, en 2010, un pédopsychiatre psychanalyste français situe la découverte de la vie psychique et de la psychanalyse précisément à ce moment :

C’est parce que Freud a renoncé au modèle cathartique qu’il a découvert la psychanalyse […] On croit que la psychanalyse consiste à rechercher les traumatismes de l’enfance qui seraient cause de troubles actuels. Le psychanalyste ne cherche pas les causes mais le sens, ce qui est tout autre chose. Il n’explore pas la réalité historique du patient, mais sa réalité psychique. (Houzel, 2010, p. 12 et p. 14)

Le sens invoqué est en général un conflit œdipien. Selon ce psychanalyste, professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, le psychanalyste peut alors faire alliance avec les parents au lieu de les incriminer comme il l’a fait lui-même en début de carrière et comme le font « trop souvent des thérapeutes bien intentionnés » (Houzel, 2010, p. 15).

En 2004, Serge Lebovici, psychanalyste et pédopsychiatre universitaire, et Marceline Gabel, assistante sociale, rédigent le chapitre sur l’inceste d’un traité de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (Lebovici et Gabel, 2004). Un texte que l’on peut situer entre Françoise Dolto et Eva Thomas — qui, en 1986, a dénoncé la non prise en compte de l’inceste, je la cite plus loin. La réalité de l’inceste est d’abord reconnue :

Les victimes d’actes incestueux plus ou moins complets osent maintenant souvent se plaindre du parent dont elles sont la victime. Les associations qui regroupent les victimes d’incestes, telles que SOS INCESTE, [fondée par Eva Thomas] ont certainement joué de ce point de vue un rôle très positif. (Lebovici et Gabel, 2004, p. 2393)

Lebovici et Gabel citent les études épidémiologiques en Amérique du nord qui montrent une fréquence « étonnamment élevée » de l’inceste. Puis notent, sans se prononcer, qu’on a beaucoup accusé Freud « de n’avoir pas tenu compte de l’importance de la réalité de l’inceste dans la vie familiale pour protéger sa réputation » (2004, p. 2393). Contrairement à ce que dit Dolto, l’inceste peut « avoir été purement traumatique, s’il s’est agi d’un véritable viol commis à l’égard d’un enfant jeune par son père ou son beau-père » (Lebovici et Gabel, 2004, p. 2400). Néanmoins, le modèle œdipien reste la référence : si « Le psychiatre peut (et doit) intervenir lorsqu’il reçoit les confidences d’une jeune patiente […] Il ne doit jamais négliger le fait que chaque sujet vit avec des fantasmes incestueux qui caractérisent l’organisation œdipienne du fonctionnement mental » (Lebovici et Gabel, 2004, p. 2400). Et, allant plus loin que Dolto, les auteur·es écrivent que l’inceste peut être une véritable idylle :

Dans les cas de liaisons prolongées dans des milieux évolués, il peut s’agir d’une vie sexuelle partagée où très tôt, trop tôt peut-être, la très jeune fille, encore impubère, éprouve un plaisir sexuel orgastique à la suite de coïts parfaitement heureux pour les deux partenaires. (Lebovici et Gabel, 2004, p. 2397) 

Implicitement, l’inceste n’est alors pas « un véritable viol ». Le dubitatif « trop tôt peut-être » renvoie à l’idée qu’il pourrait y avoir un bon âge pour subir l’inceste. L’emprise et le rapport de force écrasant du parent sur l’enfant ne sont pas évoqués dans cet apparent consentement, même si l’inceste provoque « des névroses graves de caractère » (Lebovici et Gabel, 2004, p. 2398). Les auteur·es se réfèrent ainsi dans le même texte aux deux modèles théoriques contradictoires, d’une part en réhabilitant le modèle traumatique de la réalité de l’inceste et d’autre part en appliquant un modèle œdipien poussé très loin. Reflet probable d’une certaine évolution en cours à l’époque. Évolution qu’on ne retrouve pas toujours vingt ans plus tard.

En effet, le 15 juin 2024, lors de la présentation d’un livre du psychanalyste Carlo Bonomi, L’effacement du traumatisme (2024), organisée à Paris par la Société internationale d’histoire de la psychiatrie et de la psychanalyse, Elisabeth Roudinesco a déclaré que si Freud n’avait pas abandonné la théorie de la séduction, on n’aurait pas eu la psychanalyse, on n’aurait qu’une sexologie. Elle a ajouté qu’il n’y a pas de psychanalyse si on n’abandonne pas le trauma, qu’il faut penser les deux, avec Jones et Ferenczi, et que Freud a eu un coup de génie avec l’abandon de la séduction. Ce à quoi Philippe Réfabert, le traducteur de Bonomi, a répondu qu’il faut surtout l’abandonner quand on est l’abuseur. Sans que la discussion s’ouvre sur cette contradiction flagrante5

La psychanalyse revendique ainsi une ambitieuse théorie du psychisme humain fondée sur le déni de la réalité du crime de masse gravissime de l’inceste. Nous avons vu quelques logiques de ce coup de force inaugural6. Trois ans après #MeTooInceste et les travaux de la CIIVISE, la question est donc loin d’être problématisée dans le milieu psychanalytique dominant. Les rares tentatives de lever ce déni ont suscité une grande violence.

La répression des remises en cause de la théorie du fantasme

Ainsi, en 1932, Sandor Ferenczi propose une communication au 12ème Congrès International de Psychanalyse à Wiesbaden, intitulée La confusion des langues (1933/1982). Il y affirme la réalité des agressions sexuelles dans l’enfance. Freud s’est d’abord opposé à sa communication, mais l’a finalement laissé la faire. Puis Ernest Jones, Max Eitingon et Joan Rivière, avec l’accord probable de Freud, se sont opposés à la publication de son article dans The International Journal of Psycho-Analysis. Il n’y est publié qu’en 1949 grâce à Michael Balint. Sa prise de position coûte à Ferenczi « l’amitié de Freud et de presque tous ses collègues, ce qui le laisse dans un état d’isolement dont il ne sortira jamais », jusqu’à sa mort l’année suivante (Masson 1984/2012a, p. 211). Jones parle des « tendances psychotiques latentes » de Ferenczi, de son « état délirant » et de ses « violentes explosions paranoïaques, voire homicides » (Jones, cité par Garnier-Dupré, 2012, p. 230). Et Freud pensait que Ferenczi « était paranoïaque de croire ses patients lorsque ceux-ci parlaient de la cruauté et des violences sexuelles de leurs parents » (Masson, 1984/2012a, p. 250).

Robert Fliess (1895-1970), fils de Wilhlem Fliess et psychanalyste reconnu à New York, a défendu à la fin de sa vie la réalité de la séduction de l’enfant « sous les formes les plus bizarres » ce qui lui a valu d’être rejeté par ses collègues et par ses anciens élèves (Masson, 1984/2012a, p. 202).

En 1979, Marie Balmary publie L’Homme aux statues. Freud et la faute cachée du père, où elle explique l’abandon de la théorie de la séduction par l’histoire familiale de Freud, en particulier de son père Jakob et de la seconde épouse cachée de celui-ci. Le livre de Balmary a d’abord été une thèse que Jean Laplanche l’empêcha de soutenir, car elle remettait en cause la théorie psychanalytique. C’est grâce à Maurice Clavel qu’elle a pu le faire éditer chez Grasset (Balmary, 1979/1997, 2021, 2025).

Quant à Jeffrey Masson, il a été licencié de la direction des archives Freud et a fait l’objet de violentes critiques de la part des psychanalystes après la publication de son livre en 1984, The Assault on Truth : Freud’s Suppression of the Seduction Theory. Ceux-ci s’en sont pris à sa personne et n’ont pas pris en compte les données qu’il avait fournies. En France, lors d’une conférence, Laplanche l’a sommé de montrer la lettre du 21 septembre 1897, alors qu’elle était déposée à la bibliothèque du Congrès. En Allemagne, lors d’une conférence qu’il a donnée, un psychiatre psychanalyste, qui était pourtant un de ses amis, a demandé son internement (Masson, 1984/2012a, 2024).

La logique à l’œuvre est une omerta, celle que Dorothée Dussy a identifiée : « C’est le principe du système inceste, faire taire » (2021, p. 36). C’est la culture de l’inceste (Brey et Drouar, 2022). Le compte-rendu de l’édition française des Lettres à Fliess écrit en 2006 dans Le Monde par Elisabeth Roudinesco est révélateur :

Freud s’égare dans la question de la séduction. […] En 1979, le très orthodoxe Kurt Eissler, responsable des Archives Freud de la Library of Congress, décida pourtant, avec l’accord d’Anna Freud, de confier à Jeffrey Moussaieff Masson la réalisation d’une édition complète. Mais il en résulta un énorme scandale. Tout en ajoutant pour l’édition anglaise un excellent appareil de notes, celui-ci se persuada que Freud avait abandonné sa première neurotica pour ne pas révéler au monde les atrocités commises par les adultes sur les enfants. (Roudinesco, Le Monde, 19 octobre 2006)

Quarante ans après la publication de son livre, avec Claire Mestre, j’ai invité Jeffrey Masson au séminaire Les dominations, un impensé de la psychanalyse ? en juin 2024. C’était la première fois qu’il était reçu en France dans une enceinte universitaire et par des psychiatres (Delanoë et Mestre, 2024). Peu après, ses travaux ont été reconnus par des psychiatres universitaires australiens, qui lui ont consacré un livre, Contemporary Perspectives on Freud’s Seduction Theory and Psychotherapy : Revisiting Masson’s “The Assault on Truth”, et l’ont invité à une conférence internationale en ligne le 8 octobre 2024 (Middelton et Dorah, 2024). Judith Herman, professeure de psychiatrie à Harvard Medical School a fait des recherches pionnières sur les femmes victimes d’inceste (1981) et défini le concept majeur de trauma complexe (1992). Elle considère Masson comme un lanceur d’alerte :

La théorie psychanalytique a été construite en renvoyant les abus sexuels de l’enfance rapportés par les patients à un fantasme basé sur le désir. Cette erreur flagrante a dominé la psychiatrie pendant près d’un siècle. Il y a quarante ans, au cœur du culte freudien, Jeffrey Masson a été un lanceur d’alerte et a subi le destin des lanceurs d’alerte. Il a été vilipendé et banni, non parce qu’il avait tort mais parce qu’il avait raison. (Herman, 2024, p. 4)

Une reconnaissance tardive, par des psychiatres spécialisés dans le traumatisme, non psychanalystes. Les conséquences théoriques et cliniques de l’abandon de la réalité de l’agression sexuelle et de l’inceste vont se déployer dans les écrits ultérieurs de Freud, en particulier dans l’un des plus célèbres, la psychanalyse d’une jeune femme nommée Dora.

La psychanalyse de Dora

Freud écrit Fragment d’une analyse d’hystérie (Dora) début 1901, dans les semaines qui suivent l’arrêt de la cure de Dora. Il le publie en 1905 (Freud, 1905/1977)7. Dora nait à Vienne le 1er novembre 1882 dans une famille juive assimilée (Tableau 1). Son père, Philip Bauer, est un riche industriel dans le textile, issu d’une famille modeste, et sa mère, Katharina, est femme au foyer8.

Tableau 1. Repères chronologiques

Année

     

Age de Dora

     

Quelques évènements décisifs dans la vie de Dora
jusqu’à 18 ans

1 nov. 1882

Naissance à Vienne.

1888

6 ans

Tuberculose du père de Dora. La famille s’installe à Merano, une ville d’eau, où elle rencontre la famille K.

1894

12 ans

Le père de Dora commence une relation amoureuse avec Mme K.

1896

13 ans

Monsieur K. commence à harceler Dora et l’agresse dans son magasin.

1898

15 ans

La « déclaration » de M. K. au bord du lac.

1900

17 ans

Les Bauer quittent Merano pour Vienne, et les K. aussi peu après.

Oct.1900

17 ans

Dora a de nombreux troubles. Elle commence une psychanalyse avec Freud.

31 déc. 1900

18 ans

Dora arrête sa psychanalyse.

En octobre 1900, peu avant ses 18 ans, son père la conduit chez Freud pour la soigner et surtout pour qu’elle arrête de s’opposer à lui :

Dora, explique-t-il, exige que je rompe mes relations avec M. K., et surtout avec Mme K. Mais je ne puis faire cela, car premièrement je considère moi-même que le récit de Dora, au sujet des propositions malhonnêtes de M. K., est une fiction qui s’est imposée à elle ; deuxièmement je suis attaché à Mme K. par une sincère amitié. Freud note alors : lorsqu’elle était exaspérée, l’idée s’imposait à elle qu’elle était livrée à M. K. en rançon de la complaisance dont celui-ci témoignait vis-à-vis de sa propre femme et du père de Dora. (Freud, 1905/1977, p. 16)

Freud classe Dora comme « “Petite hystérie” avec symptômes somatiques et psychiques des plus banaux : dyspnée, toux nerveuse, aphonie, peut-être aussi migraine ; avec cela dépression, humeur insociable hystérique, et dégoût probablement peu sincère de la vie » (Freud, 1905/1977, p. 14). Dora arrête son traitement avec Freud le 31 décembre 1900, au terme d’environ 70 séances. Tout au long de la cure, Freud n’a de cesse de vouloir convaincre Dora qu’elle était et qu’elle est encore inconsciemment amoureuse de son agresseur et qu’elle refoule cet amour.

Jeffrey Masson situe le cas Dora dans une rupture avec la pratique psychiatrique de la fin du xixe siècle, qui consistait à enfermer les jeunes filles rebelles à la demande de leurs pères, avec le diagnostic de « folie morale ». Il y a donc un monde entre l’approche thérapeutique de Freud et cette psychiatrie répressive au service des pères : « Quand on a lu des centaines de cas du xixe siècle, arriver au cas Dora de Freud, est comme arriver dans une oasis dans le désert » (Masson, 1988/2012b, p. 50). Le père de Dora aurait pu facilement faire interner sa fille s’il l’avait voulu. Il y a là un avant et un après Freud.

En introduction de son texte, Freud expose son modèle théorique :

S’il est exact que l’hystérie ait sa source dans l’intimité de la vie psychique sexuelle des malades, et que les symptômes hystériques soient l’expression de leurs désirs refoulés les plus secrets, l’éclaircissement d’un cas d’hystérie doit nécessairement dévoiler cette intimité et trahir ces secrets. (1905/1977, p. 2)

À l’âge de 12 ans, Dora entend parler de la syphilis de son père. Elle pense qu’il la lui a transmise par hérédité, et qu’il a aussi contaminé sa mère. Freud minimise et ne s’attarde pas sur l’impact traumatique pour Dora et sa mère de l’irruption de cette maladie effrayante et scandaleuse (Menon, 2023). C’est dans ce contexte que le père de Dora entreprend une relation amoureuse avec Madame K. et que Monsieur K. commence à harceler Dora.

Dora a 13 ans. L’agression sexuelle par Monsieur K.

M. K. est marié et il a deux enfants. Né en 1860, il a 22 ans de plus que Dora (Site Geni, 2024). Il est particulièrement attentionné envers Dora, lui offre des cadeaux et lui écrit quand il est en voyage. Un jour du printemps 1896, Dora a alors 13 ans et demi, M. K. s’arrange pour être seul avec elle dans son magasin, rideaux tirés :

Il serra la jeune fille contre lui contre lui et l’embrassa sur la bouche. […] Mais Dora ressentit à ce moment un dégoût intense, s’arracha violemment à lui et se précipita vers l’escalier, et, de là, vers la porte de la maison. Elle continua néanmoins à fréquenter M. K. ; ni l’un ni l’autre ne fit jamais allusion à cette petite scène, aussi prétend-elle l’avoir gardée secrète jusqu’à ce qu’elle l’avouât au cours du traitement. Elle évita par la suite de se trouver seule avec M. K. […] Je pense qu’elle avait ressenti, pendant cette étreinte passionnée [emphase ajoutée], non seulement le baiser sur ses lèvres, mais encore la pression du membre érigé contre son corps. (Freud, 1905/1977, pp. 18-19) 

Aujourd’hui, cet acte serait qualifié de violence pédocriminelle, voire de tentative de viol. Voyons comment Freud le qualifie.

Les formulations de Freud

Freud (1905/1977) utilise l’expression « étreinte passionnée » (p. 19 et p. 62). La polysémie du terme étreinte peut désigner le fait que M. K. a serré Dora dans ses bras, mais aussi, de façon euphémisée, un rapport sexuel, avec la connotation d’un désir partagé. Le terme « passionnée » renvoie à des affects nobles, et il a justement été critiqué dans l’expression crime passionnel, remplacé récemment par le terme de féminicide.

Freud (1905/1977) qualifie cette agression de « petite scène » et évoque « l’amour et la tendresse qu’il [M. K.] a témoigné à Dora ces dernières années » (p. 63). En termes de culture du viol, c’est la minimisation de l’agression, la transformation du harcèlement sexuel en geste amoureux, respectueux, digne de réciprocité, et, l’implication positive de la victime dans l’agression.

L’interprétation de Freud

« Il y avait bien là de quoi provoquer chez une jeune fille de 14 ans, qui n’avait encore été approchée par aucun homme, une sensation nette d’excitation sexuelle. Mais [emphase ajoutée] Dora ressentit à ce moment un dégoût intense » (Freud, 1905/1977 p. 18). Freud ne prend en compte ni la dimension traumatique de l’agression et l’effraction qu’elle constitue, ni la dimension traumatique de l’éventuelle excitation sexuelle non voulue9. Le Mais souligne, selon Freud, combien Dora n’assume pas l’excitation sexuelle qu’elle est supposée ressentir. Qu’elle ressente du dégoût, qu’elle désobéisse à cette pseudo loi naturelle, prouve qu’elle est malade, « hystérique » donc :

Le comportement de l’enfant de 14 ans est déjà tout à fait hystérique, et je tiens sans hésiter pour hystérique toute personne chez laquelle une occasion d’excitation sexuelle provoque surtout ou exclusivement du dégoût, que cette personne présente ou non des symptômes somatiques. (Freud, 1905/1977, p. 18)

Freud poursuit sur sa lancée. Elle lui est inspirée, comme ce qui précède, par les rapports sociaux de sexe qui prévalaient alors. Pour lui, Dora désirait ce geste :

Le comportement de Dora apparut alors à l’homme qu’elle quittait tout aussi incompréhensible qu’à nous-mêmes, car il avait dû conclure, d’après une quantité de petits indices, qu’il pouvait compter sur l’inclination de la jeune fille. (Freud, 1905/1977, p. 32)

Freud ne dit pas quels sont ces « petits indices », il les suppose, et, les décrirait-il, leur sens pourrait signifier autre chose qu’une inclination, et bien plutôt une emprise comme le décrit Springora (2020). Et même si c’était le cas, cette inclination ne vaudrait pas autorisation et consentement à une agression brutale et délibérée, organisée à l’abri des regards. En termes de culture du viol, c’est le fameux : « En fait, elle le voulait ». Freud ne veut pas voir que la fuite de la très jeune fille est une réaction de survie salutaire face au comportement de M. K. Il ne conçoit pas que M. K., un homme de 35 ans a exercé son pouvoir sur une enfant de 13 ans, et qu’il était près de la violer. Il reporte toute l’indulgence dont il est capable sur l’agresseur, et disqualifie la réaction de l’agressée comme étant pathologique. Dora ne parle à personne de cette agression, et M. K. continue à la « courtiser ».

Dora a 15 ans. La « déclaration » de M. K. au bord du lac

Deux ans plus tard, Dora et son père retrouvent les époux K. au bord d’un lac pour y séjourner trois semaines. Lors de ce séjour, survient la scène dite du lac, décrite en plusieurs endroits du texte : « M. K. avait osé, pendant une promenade après une excursion sur le lac, lui faire une déclaration » (Freud, 1905/1977, p. 16). En ajoutant : « Vous savez que ma femme n’est rien pour moi » (p. 73). Dora réagit vivement : « Dès qu’elle eut compris l’intention de M. K., elle lui coupa la parole, le souffleta et s’enfuit » (p. 32). Pour le retour, il fallait reprendre le bateau. « Elle regagna quand-même le bateau, qui partit bientôt. M. K. était là aussi, il s’approcha d’elle, la pria de lui pardonner et de ne rien raconter de ce qui s’était passé. Mais elle ne lui répondit pas » (p. 73). Exiger le secret, c’est ce que font les agresseurs sexuels (Dussy, 2021). Dora raconte à Freud ce qu’il s’est passé dans les heures suivantes :

L’après-midi qui suivit l’excursion au lac, je m’étendis, comme d’ordinaire, sur la chaise longue dans la chambre à coucher [Dora ne précise pas laquelle] pour dormir un peu. Je m’éveillai brusquement et vis M. K. debout devant moi. Je lui demandai d’expliquer ce qu’il venait faire là. Il répondit que rien ne l’empêchait d’entrer quand il le voudrait. D’ailleurs, dit-il, il avait quelque chose à y prendre. Rendue méfiante par ce fait, je demandai à Mme K. s’il n’existait pas de clef. Le lendemain matin, je m’enfermai pour faire ma toilette. Lorsque je voulus alors, l’après-midi, m’enfermer pour me reposer, la clef manquait. Je suis convaincue que c’était M. K. qui l’avait enlevée. Je me suis promis de pas rester sans papa chez les K. (Freud, 1905/1977, p. 48)

Dora repart donc avec son père cinq jours plus tard. Freud complète la description de la scène au fil de son texte. Les mots de M. K. disant à Dora « que sa femme n’était rien pour lui » (p. 79) sont ceux-là mêmes qu’il avait adressés à une gouvernante qu’il avait séduite et délaissée peu avant. Celle-ci l’avait raconté à Dora. Quinze jours après, Dora parle à ses parents de la déclaration de M. K.

Les interprétations de Freud

Freud (1905/1977) disqualifie la réaction de Dora, affirme qu’elle est amoureuse de son agresseur et ne voit rien à redire à la proposition d’adultère avec une mineure : « Comment une jeune fille amoureuse pouvait-elle voir un outrage dans une sollicitation qui […] n’avait pas du tout été grossière ou indécente ? » (note p. 32). Certes, il croit Dora : « Je finis par conclure que le récit de Dora devait absolument correspondre à la vérité » (p. 32). Il prend donc son parti contre son père et contre M. K. sur la réalité des faits. Mais là s’arrête son soutien :

À mon avis il restait encore à expliquer pourquoi Dora s’était sentie si offensée [emphase ajoutée], par les sollicitations de M. K. — et cela d’autant plus que je commençais à comprendre que, dans cette affaire, il ne s’agissait pas non plus pour M. K. d’une frivole tentative de séduction. J’interprétai le fait d’avoir informé ses parents de cet incident comme un acte déjà influencé par un désir morbide de vengeance. (Freud, 1905/1977, p. 70) 

Pour Freud (1905/1977), le fait de parler à ses parents de l’agression subie relève du pathologique. Ce n’est pas un geste courageux de protection, bravant l’omerta sur les agressions sexuelles. D’ailleurs, il ajoute : « Je considère qu’une jeune fille normale vient à bout toute seule de pareils évènements » (p. 70). Subir sans se plaindre, sans se défendre, rester seule face à un homme qui l’a déjà agressée et qui commence à faire une proposition, serait donc la norme. Freud ignore délibérément le rapport de force mis en place par l’agresseur, et explique à l’agressée les raisons de sa réaction :

Je connais la raison de la gifle par laquelle vous avez répondu à la déclaration de M. K. Ce n’était pas parce que ses sollicitations vous avaient offensée, mais par vengeance jalouse. […] Vous vous dites : « Il ose me traiter comme une gouvernante ? » Cette blessure d’amour-propre associée à la jalousie et à des motifs conscients censés, c’en était trop, enfin. (1905/1977, pp. 79-80)

Selon Freud (1905/1977), Dora aurait donc réagi par dépit en se voyant traiter avec les mêmes mots que la domestique :

Vous supposiez que lui attendrait que vous fussiez assez mûre pour devenir sa femme. Je présume que c’était de votre part un plan très sérieux. […] Vous avez envisagé ces relations avec M. K. bien plus sérieusement que nous ne l’avez voulu laisser voir jusqu’à présent. N’était-il pas question de divorce entre M. et Mme K. ? […] N’auriez-vous pas pensé qu’il voulait divorcer pour vous épouser ? […] Si la situation tentatrice à L. […] avait eu une autre issue, c’eut été pour tous la seule solution acceptable. (pp. 80-81)

Pour tous ? Le refus de Dora compromettait bien les arrangements plus ou moins explicites de son père et des époux K., à ses dépens à elle… à moins de la convaincre qu’elle était amoureuse de M. K. En poussant la logique de ce raisonnement à l’extrême, on pense aux législations de certains pays qui obligent le violeur à épouser sa victime, afin de protéger l’honneur de la famille de la victime.

Plus tard, Dora évoque un rêve à répétition qu’elle a fait trois nuits de suite après la déclaration de M. K. puis dans la cure avec Freud. C’est le « premier rêve », dont voici quelques éléments :

Il y a un incendie dans une maison, mon père est debout devant mon lit et me réveille. Je m’habille vite. Maman veut encore sauver sa boîte à bijoux […] M. K. m’avait fait cadeau, quelque temps auparavant, d’un très précieux coffret à bijoux. (Freud, 1905/1977, p. 46)

Freud interprète ainsi :

M. K. doit être mis à la place de votre père. M. K. vous a donné une boîte à bijoux, vous devriez donc lui donner votre boîte en échange. Vous êtes donc prête à donner à M. K. ce que sa femme lui refuse. Vous avez là l’idée qui doit être refoulée avec tant d’efforts. Le rêve confirme de nouveau ce que je vous ai déjà dit auparavant, à savoir que vous réveillez votre ancien amour pour votre père afin de vous défendre contre votre amour pour M. K., plus encore, vous vous craignez vous-même et vous redoutez la tentation de lui céder. Vous confirmez donc par-là l’intensité de votre amour pour lui. […] Elle ne voulut naturellement pas accepter cette partie de l’interprétation. (1905/1977, pp. 50-51)

Freud affirme que le père de Dora figure M. K. Ne pourrait-on pas aussi faire l’hypothèse que ce rêve figure une ancienne agression sexuelle de Dora par son père ? Ce qui demanderait une étude approfondie. Quelques semaines plus tard, Dora rapporte un deuxième rêve. Dans son interprétation, Freud (1905/1977) arrive à l’idée que s’y joue un fantasme d’accoucher neuf mois après la scène du lac. « Vous voyez, dit-il à Dora, que votre amour pour M. K. ne finit pas avec la scène du lac, que cet amour persiste jusqu’à présent — bien qu’inconsciemment pour vous. Aussi bien ne le contredit-elle plus » (p. 77). Mais à la séance suivante, elle lui annonce : « C’est aujourd’hui la dernière fois que je suis ici » (p. 77). C’est donc le 31 décembre 1900. En mai 1901, elle rend une visite aux époux K, à l’occasion de la mort d’une de leurs enfants. Elle les force à avouer, elle sa liaison avec son père, lui sa déclaration au bord du lac, et ne les revoit plus10.

Freud (1905/1977) explique le départ de Dora par le transfert qu’elle aurait fait sur lui et dans lequel il lui rappelait M. K. : « Elle se vengea de moi, comme elle voulait se venger de lui ; et elle m’abandonna comme elle se croyait trompée et abandonnée par lui » (p. 89). Point d’orgue de ce discours saturé de la culture viol, Freud reste jusqu’au bout dans son modèle interprétatif d’un amour déçu de Dora pour M. K. et ne peut penser la révolte de Dora contre les violences de M. K. qu’il dénie, minimise, transfigure en geste d’amour.

La conclusion patriarcale de Freud sur l’amour

Freud (1905/1977) se demande si, au cas où M. K. « avait passé outre, s’il avait continué à la courtiser avec une passion capable de la convaincre, peut-être l’amour aurait-il vaincu toutes les difficultés internes » (p. 82). Mais ce n’est pas sûr, car : « L’incapacité de satisfaire aux exigences réelles de l’amour est un des traits caractéristiques de la névrose ; ces malades sont sous l’empire de l’opposition qui existe entre la réalité et les fantasmes de leur inconscient » (p. 82).

Freud délégitime le refus de Dora et légitime le harcèlement de M. K. comme un mouvement d’amour, lequel aurait déclenché l’amour que lui porte Dora, et qu’elle refoule. Il généralise à ce qu’il appelle névrose le refus de la violence sexuelle, violence qu’il nomme amour. Cette conception de « l’amour » typiquement patriarcale implique de se soumettre au désir de l’homme, en situation de domination. La seule réponse non pathologique serait donc de désirer cet homme.

Freud n’a pas inventé la culture du viol, mais il lui a apporté une contribution majeure avec un argument particulièrement difficile à contredire par les victimes : selon lui, la victime désire l’agression sexuelle, aime et désire son agresseur inconsciemment ; et le refus ou le dégoût de l’agression relèvent du refoulement du désir et de l’amour pour l’agresseur.

Au terme d’une recherche approfondie, le psychanalyste canadien Patrick Mahony (2001), conclut ainsi son livre Dora s’en va, violence dans la psychanalyse :

Le cas Dora est une preuve spectaculaire, mais tragique, de perpétration de sévices sexuels sur une jeune fille, et une justification, écrite et publiée, de ces sévices par son propre analyste ; un cas éminent d’associations forcées, de souvenirs forcés. … Dora avait été traumatisée et Freud l’a traumatisée une nouvelle fois. Et pendant à peu près un demi-siècle, la communauté psychanalytique a, soit gardé un silence complice sur ces brutalités, soit ignoré celles-ci par adoration aveugle. (p. 231)

Après le renoncement à la théorie de l’agression sexuelle, Freud n’a pas d’autre choix que d’imposer son modèle œdipien à l’expérience traumatique de Dora. Elle a su résister à cette violence.

Postérité du cas Dora dans la psychanalyse

Mahony (2001) a recensé les nombreux commentaires sur le cas Dora :

Pendant des décennies, du vivant de Freud et après sa mort, les analystes ont typiquement réagi à cette histoire de cas par des éloges respectueux et sans mélange, qui ont perpétué et même intensifié la persécution de Dora. Les commentaires dithyrambiques saluaient ce cas comme un classique. (p. 234)

Ainsi, Lacan (1951/1999), dans Intervention sur le transfert, qualifie d’« hommage salutaire » le harcèlement sexuel de M. K. et assigne Dora et les femmes à subir la domination masculine :

Cet hommage dont Freud entrevoit la puissance salutaire pour Dora, ne pourrait être reçu par elle comme manifestation du désir, que si elle s’acceptait elle-même comme objet du désir. […] Aussi bien pour toute femme et pour des raisons qui sont au fondement même des échanges sociaux les plus élémentaires (ceux-là mêmes que Dora formule dans les griefs de sa révolte), le problème de sa condition est au fond de s’accepter comme objet du désir de l’homme. (p. 219)

Certes, Lacan (1951/1999) décrit la « condition » des femmes, mais sans la critiquer, sans dénoncer la violence exercée comme un rapport de domination que Dora devrait accepter. Soit une vision essentialiste et psychologisante des effets de la domination masculine. Le désir de l’homme est légitime, non questionné, le consentement des femmes n’est pas envisagé, ni la légitimité de leur refus. Lacan (1951/1999) ne parle pas du désir de Dora : seule compte sa soumission au désir de M. K. et son problème est qu’elle le refuse.

Témoignages de victimes du modèle Œdipien

Dire comme Freud à une patiente victime d’inceste qu’elle est amoureuse de son agresseur, c’est ce qu’ont dit des psychanalystes à bien des personnes qui les ont consulté·es. Eva Thomas (1986/2021) est la première à en avoir parlé dans son livre Le viol du silence publié en 1986 :

Après avoir subi la violence de l’agression par le sexe paternel, il nous faut encore subir l’agression des pères du savoir qui étouffent nos cris pour conserver leur pouvoir. […] Le psychothérapeute qui brandit la théorie freudienne, avec sa tête envahie par le fantasme, avec ses oreilles bouchées qui refusent ces paroles de vérité : « Mon père m’a violée ». Non ! Il n’entend pas, non il ne peut pas vous entendre, puisqu’il est occupé à lire dans votre inconscient que vous avez rêvé, que vous prenez vos fantasmes pour de la réalité, comme les autres : une affaire banale de complexe d’Œdipe (pp. 123-124) […] Monsieur le psy […] vous avez usé, abusé de toute votre autorité pour me faire raconter mon histoire « comme une histoire d’amour » non comme un abus de pouvoir et une horrible violence qui m’avait détruite. Vous avez tout de suite choisi le camp des hommes comme Freud, défendre le père d’abord. Facile, quand la fille a perdu la mémoire. (p. 140)

Dans le cadre d’une thèse de psychanalyse et de psychologie, Jenyu Peng (2009, 2014) a réalisé une enquête en France entre 2003 et 2005 auprès d’une soixantaine d’anciennes victimes de l’inceste :

Une partie importante d’entre elles dénonçaient les « trahisons » commises par certains « disciples de Freud » lorsqu’ils considèrent le récit de la violence incestueuse comme un fantasme typiquement œdipien, allant parfois jusqu’à le réinterpréter comme une histoire d’amour passionnel. […] Pour les analysants qui ont tenté de dévoiler l’inceste à leur entourage, et qui, dans la très grande majorité des cas, se sont heurtés à un déni provoquant un traumatisme secondaire, cette écoute trop dirigée — par ailleurs contraire à la règle fondamentale de la cure analytique — finit de les anéantir. (2014, pp. 174-175)

Caroline Pothier (2024) dans son podcast 20 000 lieues sous ma chair, raconte que son père l’a violée entre 6 et 12 ans. Après qu’elle ait déposé plainte, elle est vue par un expert pédopsychiatre qui lui dit : « Vous êtes une belle enfant, vous avez séduit votre père, vous êtes ce qu’on appelle une Lolita » (épisode 2, minute 29). Ce doit être vers l’année 2000. On ne sait pas si cet expert est psychanalyste, mais il décline à sa manière le modèle œdipien.

Critiques féministes

Je citerai d’abord Kate Millet qui, en 1971, a fait une des premières critiques des concepts genrés de Freud : l’envie du pénis et l’infériorité féminine, le masochisme féminin, la passivité féminine, le complexe de castration, le complexe de virilité. Elle montre comment Freud explique par la biologie, l’insatisfaction des femmes devant l’infériorité de leur condition en ignorant les conditions sociales de la domination masculine, et en se rangeant dans une conception résolument patriarcale :

Pour Freud, les symptômes de ses patientes ne traduisaient pas une insatisfaction justifiée devant la situation restrictive que leur imposait la société, mais une tendance indépendante et universelle du caractère féminin. Il baptisa cette tendance « envie du pénis ». (Millet, 1971/2007, p. 224)

Millet invalide l’excuse souvent invoquée pour justifier les propos réactionnaires de Freud, excuse disant que Freud pensait comme un homme de son temps, une façon en fait de suspendre la pensée critique. Contre cette objection récurrente du sens commun à l’analyse critique, « c’était un homme de son temps », j’ajoute que mon propos est d’identifier les logiques du discours de Freud et ses effets, même s’il était contraint à différents niveaux de tenir ce discours, comme s’inscrivant dans les rapports sociaux de genre lesquels existaient encore plus violemment à l’époque de Freud, même s’ils n’étaient pas décrits comme tels. Freud les a subis, come enfant et comme adulte, il les a identifiés puis il a cédé aux rapports de force individuels et collectifs qu’il a alors affrontés et s’est rangé du côté de la domination sur plusieurs questions. Il n’est pas anachronique d’identifier les rapports sociaux à l’œuvre à l’époque de Freud et le rôle qu’il y a joué. Comme il est justifié d’analyser le rôle d’Augustin d’Hippone quand, au ve siècle, il a imposé l’idée du péché originel, qui exige de fouetter l’enfant pour l’en purifier, légitimant pour des siècles la violence éducative et la domination adulte plus qu’elles ne l’avaient jamais été (Delanoë, 2017b).

Millet (1971/2007) poursuit :

Il serait facile de dire que Freud confond coutume et caractère inhérent, domination masculine sur les modes culturelles et nature, mais son hypothèse est si chargée d’intérêt et si commode pour certains que ce serait le taxer de naïveté. Une philosophie qui postule que « l’exigence de justice est une modification de l’envie » (Freud, 1932/1964, p. 135) et qui informe les mal lotis que leur misère est organique, donc inaltérable, est capable de soutenir bien des injustices. […] Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi la pensée de Freud est devenue si populaire dans les sociétés conservatrices. (p. 232)

Millet (1971/2007) met en lumière l’aversion de Freud pour le mouvement féministe :

Ses déclarations sur les femmes sont hérissées de piques dirigées contre le point de vue féministe. L’envie du pénis est constamment reprochée aux rebelles ; c’est une incantation destinée à désarmer le spectre des femmes émancipées ou intellectuelles. (p. 233)

Il faut cependant noter que dans un texte de 1908, La morale sexuelle « civilisée », Freud (1908/1969) fait une certaine critique des conditions que le mariage impose aux femmes et défend l’idée quasi constructiviste que « l’infériorité intellectuelle de tant de femmes, qui est une réalité indiscutable, doit être attribuée à l’inhibition de la pensée, inhibition requise pour la répression sexuelle » et non à « l’opposition biologique entre travail intellectuel et activité sexuelle » (p. 42). Une contradiction qui relève d’une compassion pour les femmes dominées et d’une violence symbolique envers les femmes rebelles, dont Dora est l’une des premières.

Plusieurs autrices féministes ont critiqué le cas Dora dans les années 1970-1980. Toril Moi a fait en 1981 une synthèse des principales publications disponibles à l’époque, dont la pièce d’Hélène Cixous (1976/1986), qui, de façon contradictoire, voit Dora comme l’incarnation de l’interdit qui pèse sur la bouche de l’amour, et dans le départ de Dora un signe de libération. Pour Toril Moi (1981), l’épistémologie de Freud est clairement phallocentrique, car Dora lui apparaît comme une rivale menaçante qui méprise les médecins incompétents qui l’ont déjà vue. Il y a un véritable affrontement entre Dora et Freud sur le plan de la connaissance (Moi, 1981). À ma connaissance, il n’y a plus de travaux féministes centrés sur le cas Dora depuis les années 1990.

Plus largement, Monique Wittig (1980) a situé la psychanalyse et l’anthropologie structurale dans la réaction aux mouvements sociaux d’émancipation :

Au moment historique où la domination des groupes sociaux ne peut plus apparaître aux dominés comme une nécessité ontologique parce qu’ils se révoltent […] Lévi-Strauss, Lacan et leurs épigones font appel à des nécessités qui échappent au contrôle de la conscience et donc à la responsabilité des individus, comme par exemple les processus inconscients qui exigent et ordonnent l’échange des femmes comme une condition nécessaire à toute société. C’est d’après eux ce que nous dit l’inconscient avec autorité. (citée par Dussy, 2021, p. 383)

Une critique radicale qui s’applique au texte de Lacan sur Dora. Le jugement de l’anthropologue Gayle Rubin dans son article majeur, « L’économie politique du sexe : transaction sur les femmes et systèmes de sexe/genre », est également sans appel : « La psychanalyse et l’anthropologie structurale sont toutes deux, en un sens, les idéologies du sexisme les plus sophistiquées qu’on puisse trouver » (1998, p. 28).

Pour une psychanalyse critique

La psychanalyse dominante revendique donc une ambitieuse théorie du psychisme humain, fondée sur le déni de la réalité de l’inceste et des violences sexuelles et/ou de leurs effets, violences dont les études faites depuis les années 1990 ont montré la grande fréquence (un enfant sur dix) et l’extrême gravité des conséquences (CIIVISE, 2023).

Le diagnostic d’hystérie repris par Freud contribue à la culture du viol, en rassemblant les disqualifications des réactions de la victime. En renonçant à sa découverte des traumatismes sexuels de l’enfance et de leurs conséquences psychiques et en affirmant qu’il ne s’agit que des fantasmes et désirs incestueux de l’enfant, Freud se révèle comme un acteur de la domination masculine et de la domination adulte et renouvelle la conception chrétienne augustinienne de l’enfant pêcheur et menteur (Delanoë, 2017b).

Le viol, comme l’inceste, n’est pas de la sexualité, mais une violence sexualisée dit Dorothée Dussy (2021). Cette distinction fondamentale permet de sortir de l’hypersexualisation de l’inconscient par la psychanalyse et de donner sa place à la violence. En hypersexualisant l’inconscient, la psychanalyse a pu se targuer d’être courageusement transgressive dans une société puritaine, mais c’est en niant la violence sexualisée, et en situant l’origine des souffrances dans les conflits inconscients individuels entre le désir et son refoulement.

En inventant l’idée que la victime de l’agression sexuelle aime et désire inconsciemment son agresseur, Freud a fondé un élément majeur de la « maltraitance théorique » identifiée par Françoise Sironi (2020), spécialiste des traumatismes intentionnels :

Quand j’ai commencé à travailler avec des victimes de torture, j’ai été très vite sensible au fait que lorsque ces patients avaient consulté des psys au préalable, ils arrêtaient très vite leur thérapie. […] Ils avaient la très nette impression de ne pas être compris. […] qu’ils n’étaient pas cru, que cela — la torture, les viols, les persécutions — relevait d’un fantasme, de leur masochisme, d’une paranoïa, ou d’une construction dans l’après-coup. […] Les psys faisaient du plaquage de théories psychanalytiques classiques, freudienne ou lacanienne. […] C’est cela qui produit, dans bien des situations cliniques, ce que j’appelle de la maltraitance théorique par des pratiques cliniques inadéquates. (pp. 133-134)

Cependant, la psychanalyse peut être retournée contre la violence patriarcale, comme en témoigne Vanessa Springora (2020), qui écrit qu’un travail psychanalytique l’a beaucoup aidée à émerger des traumatismes infligés par son séducteur : « Des années de “cure par la parole”. D’abord avec un psychanalyste qui me sauve la vie (p. 183). » Un autre témoignage important va dans ce sens. Avec Claire Mestre, nous avons réalisé pour la revue L’autre un entretien en juin 2025 avec Dorothée Dussy, qui constate à partir de son expérience personnelle que la psychanalyse peut être salvatrice pour traiter les effets de l’inceste : « La psychanalyse m’a probablement sauvé la vie » nous a-t-elle dit (Mestre et Delanoë, à paraître). Dans les années 1990, Pierre Sabourin et d’autres psychanalystes se référant à Ferenczi ont travaillé sur la réalité de l’inceste (Nisse et Sabourin, 2004) et ont apporté leur aide à l’association SOS Inceste fondée par Eva Thomas à Grenoble (Thomas, communication personnelle, 21 novembre 2024). Ces témoignages décisifs montrent que la psychanalyse recèle des potentialités d’aider et sauver des victimes de l’inceste et des autres violences sexuelles et que des psychanalystes pratiquent dans cette perspective, celle du premier Freud.

Devant la contradiction majeure qui la traverse et les enjeux sociaux à l’œuvre, il ne paraît pas possible de maintenir l’unité de la psychanalyse. Il y a donc lieu, à la suite de Florent Gabarron-Garcia (2021) de ne plus considérer la psychanalyse comme une entité cohérente, mais de distinguer deux psychanalyses, une psychanalyse réactionnaire et une psychanalyse critique.

D’une part, donc, une psychanalyse « réactionnaire » que je nommerai plus précisément comme une « psychanalyse au service des dominations », justifiant, psychologisant ou invisibilisant les dominations et leurs effets. Gabarron-Garcia situe un tournant réactionnaire en 1929 quand Freud dit à Reich qu’il n’est pas du ressort de la psychanalyse de « sauver le monde » (Sterba, cité par Gabarron-Gardia, 2021, p. 70) puis avec la publication de Malaise dans la culture (1930/2015) dans laquelle il développe une conception ontologique fondamentalement destructrice de la nature humaine. Comme le montre Marshall Sahlins (2009), Freud y reprend à son compte l’aphorisme Homo homini lupus, L’homme est un loup pour l’homme formulé d’abord par Plaute deux siècles avant notre ère, puis repris par Augustin d’Hippone et Hobbes, qui justifient ainsi la nécessité d’un pouvoir autoritaire. Dans sa vision essentialiste, Freud ne situe pas la construction du psychisme humain dans les contextes historiques et sociaux de la violence. En pratique, avec l’accord de Freud, Ernest Jones, le président de l’Association Internationale de Psychanalyse, a été très actif dans la mise en place de cette psychanalyse réactionnaire en négociant avec des pouvoirs dictatoriaux dans différents pays (Gabarron-Garcia, 2021, 2023).

Je situe donc pour ma part en 1897 un premier tournant fondateur de cette psychanalyse réactionnaire, avec l’abandon de la théorie du traumatisme sexuel et la création du complexe d’Œdipe qui conduisent également à la conception de la prédisposition perverse polymorphe de l’enfant développée dans les Trois essais sur la théorie sexuelle (Freud, 1905/2018) et à la négation des effets de la violence physique sur l’enfant, que l’on voit dans L’homme aux rats (1909/2014), Le président Schreber (1911/2018) et Un enfant est battu (1919/2019) (Delanoë, 2017b).

Et d’autre part, je distingue une psychanalyse critique, ou plutôt des psychanalyses critiques, émancipatrices, voire révolutionnaires, qui pensent les violences subies par les enfants, par les femmes et les autres groupes dominés, en s’inscrivant dans le Freud de 1896, le Wilhelm Reich des années 1920, Sandor Ferenczi, ou encore Frantz Fanon. Donner un aperçu d’ensemble des travaux menés dans ces perspectives relèverait au moins d’un autre article. Je citerai pour l’instant quelques auteur·es contemporain·es dans l’Encadré 1.

Pour ce qui est des pratiques de l’ensemble des psychanalystes, elles se situent probablement à différentes places dans un continuum entre ces deux pôles, réactionnaire et critique. D’après quelques échanges informels, il semble que des psychanalystes tiennent compte de ces violences mais sans toujours l’écrire ou le théoriser, ce qui les conduirait alors affronter leurs associations de psychanalyse11.

Une psychanalyse critique pourrait conserver les concepts qui décrivent des processus psychiques, tels que déplacement, condensation, refoulement, clivage, retranchement, identification, transmission transgénérationnelle et d’autres encore. Elle pourrait revenir sur les concepts ontologiques genrés et adultistes que nous avons évoqués, ainsi que sur le concept de la pulsion de mort, tous concepts qui invisibilisent les violences infligées par les rapports sociaux de domination relayés et mis en acte dans la famille et ailleurs, et en expliquent les effets par des processus essentiellement intrapsychiques. Cela passe notamment par un dialogue avec la psychotraumatologie, ses concepts et ses méthodes12 et par un dialogue avec les pensées critiques des dominations et des violences. La possibilité et l’intérêt de définir ou pas une telle discipline comme une psychanalyse renvoient à une question épistémologique — une redéfinition de la psychanalyse et de l’inconscient — et à un engagement contre les rapports sociaux de domination.

Remerciements

Je remercie pour leur lecture et leurs remarques Françoise Davoine, Julie Erstein, Geneviève Fraisse, Laurie di Francesco, Claire Mestre et Florian Sala. Je remercie également Christine Hamelin et MZ.

Conflits d’intérêts

Aucun conflit d’intérêt déclaré.

Encadré 1. Psychanalyses critiques

Je rassemble ici des auteur·es plus ou moins minoritaires et hétérogènes, ne se considérant en général pas lié·es entre elles et eux dans un tel ensemble, et ne se situant pas toujours elles-mêmes et eux-mêmes dans une perspective psychanalytique critique. Quelques-un·es seulement remettent en cause le tournant de Freud de 1897. Mais la plupart ne se réfèrent guère à une définition de l’inconscient et de ses manifestations, rêves, fantasmes, comme lieu ou expression d’un désir œdipien ou masochiste refoulé, mais plutôt comme une figuration des différentes violences subie par la personne ou les générations précédentes. Avec Claire Mestre, nous avons invité certain·es de ces auteur·es dans notre séminaire Les dominations un impensé de la psychanalyse ? et dans le colloque Quelles psychanalyses pour penser les dominations et soigner leurs effets ? (21 janvier 2026).

En témoigne le travail récent de Bruno Clavier sur l’inceste (L’inceste ne fait pas de bruit, 2021 ; Ils ne savaient pas. Pourquoi les psy ont négligé les violences sexuelles, 2022) ainsi que les recherches de Françoise Couchard dans la Corne d’Afrique sur l’inceste frère-sœur (Le fantasme de séduction dans la culture musulmane, 2004 ; Relations d’emprise et de séduction entre frère et sœur dans la Corne de l’Afrique, 2015 ; Claire Mestre, L’inceste frère-sœur dans le travail de Françoise Couchard, 2025).

Sur la guerre, le Sigmund Freud Museum de Vienne organise des conférences mensuelles en ligne depuis 2022 sur le thème « Psychoanalysis in Conditions of War » auxquelles participe Françoise Davoine, qui a donné en septembre 2024, à une conférence Lviv sous le titre : A New Paradigm of Psychoanalysis (Davoine, 2024). Ses recherches ont intégré la transmission des traumas des guerres (Histoire et trauma. La folie des guerres, 2006 ; Voix du soin en contexte traumatique, 2021 ; Psychanalyse et histoire, 2023). En Ukraine sous les bombes, m’a-t-elle dit, des psychanalystes travaillent avec des femmes violées. Christian Lachal (Le partage du traumatisme, 2006 ; Comment se transmettent les traumas, 2015 ; La violence sociale et la nature humaine, 2023). Thierry Baubet, Karine Le Roch, Dounia Bitar et Marie Rose Moro (Soigner malgré tout, 2003), engagés à Médecins sans Frontières, ont aussi travaillé sur les différentes formes de violences et de traumatismes liées à la guerre, ainsi que Malika Bennabi Bensekhar et Marie Rose Moro (Guérir des traumas de la guerre, 2022), Marion Feldman (Entre trauma et protection : quel devenir pour les enfants juifs cachés en France (1940-1944, 2009 ; The Transmission of Trauma from Mother to Infant, 2018), Yoram Mouchenik et al. (Les « enfants cachés », survivants de la Shoah, 2013), Yolanda Gampel (Ces parents qui vivent à travers moi : Les enfants des guerre, 2005), Muriel Montagut (L’être et la torture, 2014 ; La question du traumatisme, 2024), Beatrice Patsalides Hofmann (Expériences de désêtre. L’analyste face à la « démolition d’un homme », 2023 ; La question du traumatisme, 2024), Françoise Sironi (Bourreaux et Victimes : Psychologie de la torture, 1999 ; Psychopathologie des violences collectives, 2007), Saskia von Overbeck Ottino (Violences extrêmes : le poids de la réalité à l’épreuve de la causalité psychique, 2007).

D’autres recherches psychanalytiques portent sur les traumatismes liés à la violence coloniale, et postcoloniale en particulier celles de Malika Mansouri (Révoltes postcoloniales au cœur de l’Hexagone, 2013) et de Karima Lazali (Le trauma colonial, 2018, 2021 ; Mansouri et Delanoë, Entretien avec Karima Lazali, 2024).

Marie Rose Moro a impulsé dans un cadre universitaire une série de travaux, de thèses, de recherches, de séminaires, de dispositifs cliniques et de publications (La revue L’autre) sur les traumatismes associés à la migration, à la colonisation, au racisme, aux guerres et a développé la psychiatrie transculturelle (Psychothérapie transculturelle des enfants et des adolescents, 2011), ainsi que Thierry Baubet et Marie Rose Moro (Psychopathologie transculturelle, 2010) parmi de nombreuses autres publications. Claire Mestre dirige un enseignement et un dispositif clinique à Bordeaux (Mestre, Bébés d’ici, mères d’exil, 2016 ; Mestre et Depaire Comment bien soigner les exilés, 2025 ; Mestre et Moro, L’intime et le politique. Projet pour une ethnopsychanalyse critique, 2011). Roberto Beneduce (La vie psychique de l’Histoire. Fanon et le temps fracturé de la mémoire, 2012) et Simona Taliani (La troisième rive du fleuve, 2019 ; La domination culturelle, 2024) mènent des travaux dans cette perspective au sein du Centre Frantz Fanon à Turin et Naples (Beneduce et Taliani, La vie psychique du pouvoir colonial, 2017). Ainsi que Saskia von Overbeck Ottino à Genève (Jeunes réfugiés et santé psychique. De l’environnement à l’intervention psychothérapique : le dispositif MEME, 2022)

Sur le racisme, Fakhry Davids, psychanalyste sud-africain vivant à Londres, a développé une réflexion inédite (Internal Racism : A Psychoanalytic Approach to Race and Difference 2011 ; Race and Analytic Neutrality, 2022), ainsi que Saskia von Overbeck Ottino (Les rapports sociaux racialisés, 2025) et Thamy Ayouch (La race sur le divan, 2024).

Laurie Laufer (Vers une psychanalyse émancipée, 2022) et Sylvia Lippi (Sœurs. Pour une psychanalyse féministe, 2023a ; Œdipe et la domination masculine, 2023b) reprennent dans le cadre de la psychanalyse la critique féministe. Isabelle Alfandary explore les origines du silence de la psychanalyse devant le mouvement #Metoo (Le scandale de la séduction. D’Œdipe à #Metoo, 2024 ; Intervention au séminaire La domination masculine, 2025).

Fabrice Bourlez intègre la critique de la domination hétérosexuelle (Queer psychanalyse : Clinique mineure et déconstructions du genre, 2018 ; La psychanalyse et la domination sur les minorités sexuelles, 2024). Thamy Ayouch croise les perspectives des études de genre et queer et des études postcoloniales et décoloniales (Psychanalyse et hybridité, 2018 ; La psychanalyse et la domination coloniale et postcoloniale, 2024b).

Christophe Dejours a étudié les effets de la domination de classe dans le travail salarié (Souffrance en France - La banalisation de l’injustice sociale, 1998 ; La violence dans le milieu du travail, 2025).

La psychanalyse ne s’est pas encore saisie de la violence structurelle de la domination adulte en tant que telle, même si des travaux proches de la psychanalyse se situent à hauteur d’enfant, comme ceux d’Alice Titia Rizzi et Marie Rose Moro (Une méthode transculturelle d’analyse des dessins d’enfants, 2021), d’Amalini Simon et Hawa Camara, (La médiation transculturelle sur le terrain scolaire, 2024) ; de Sevan Minassian et al. (Les détours du trauma lors de la prise en charge des mineurs isolés étrangers, 2017) ; et Selim Guessoum et al. (Prendre en charge les mineurs non accompagnés, 2020).

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Notes

1 Programme sur le site de l’Association Internationale d’Ethnopsychanalyse, https://aiep-transculturel.com/les-dominations-un-impense-de-la-psychanalyse/ et podcasts accessibles aux adhérents de l’Association (https://aiep-transculturel.com/adhesion/). Retour au texte

2 Freud utilise le terme séduction comme un euphémisme pour désigner le viol. Ce terme est largement repris depuis dans la littérature psychanalytique jusqu’à ce jour, sans identifier que c’est précisément un euphémisme, ce qui conduit à une confusion et un contresens plus ou moins délibérés, au sens où l’enfant violé, « séduit » par l’agresseur, ressentirait attirance, désir ou amour pour lui, sans prendre en compte la relation d’emprise, de contrainte et de domination. Impliquer la responsabilité de la victime et son éventuelle excitation est un élément de base de la culture du viol. Retour au texte

3 Il y avait déjà eu plusieurs témoignages depuis celui d’Eva Thomas en 1986, notamment celui de Christine Angot (1999), mais sans avoir le même effet. Le fait que l’agresseur et le père de la victime soient des personnalités très connues occupant des positions sociales élevées à fort capital symbolique a probablement joué un rôle dans le retentissement du livre de Camille Kouchner. Et aussi le fait qu’il est paru pendant le mouvement #Metoo qui a commencé en 2017 et avait encore une grande force en 2021. L’agresseur du frère de Camille Kouchner a démissionné de toutes ses fonctions à la Fondation nationale des sciences politiques, et dans des médias. Retour au texte

4 Ma traduction. Je remercie Jeffrey Masson de m’avoir signalé ce texte. Retour au texte

5 Propos cités d’après les notes que j’ai prises lors de cette présentation. Retour au texte

6 « Vous rejetez l’inconscient » me disait un psychanalyste, lors d’une séance de supervision, à qui je faisais part de ma réflexion sur la réalité des violences apparues dans le récit et les rêves. Il se référait à une définition de l’inconscient, se prétendant comme la définition de l’inconscient, qui précisément empêche de penser les violences. Retour au texte

7 Les références des citations renvoient à l’édition des Presses Universitaires de France, Sigmund Freud, (1905/1977), Cinq psychanalyses, (pp. 1-91). Retour au texte

8 Je m’appuie ici sur le texte de Freud, sur la recherche approfondie menée par le canadien Patrick Mahony, Dora s’en va, violence dans la psychanalyse (2001), et sur une autre recherche de Jeffrey Masson qui consacre un chapitre au cas Dora dans son livre Against Therapy (Masson, 1988/2012b). Retour au texte

9 Neige Sinno décrit l’inceste commis sur elle par son beau-père, et le traumatisme supplémentaire constitué par le fait qu’il la faisait jouir (2023). Je remercie Claire Mestre pour cette remarque. Retour au texte

10 Dora se marie en 1903 avec un ingénieur, Ernst Adler. Elle a un enfant avec lui en 1905, Kurt Herbert Adler, qui devient chef d’orchestre et fait une brillante carrière aux États-Unis. Elle fuit les nazis en 1938 et retrouve son fils aux États-Unis. Elle décède en 1945 à New York. Pendant les années 1940, elle est décrite comme « une personne pleine de vie, une personnalité intense, passablement volontaire, (…) particulièrement intelligente, fascinante, et amusante » (Ragoucy, 2008, p. 72). Retour au texte

11 Une recherche serait intéressante. Lors de son intervention au séminaire « Les dominations, un impensé de la psychanalyse ? »  le 15 janvier 2025, j’ai demandé à Christophe Dejours (2025), qui nous parlait de la démocratie dans le milieu du travail salarié, si le fonctionnement des sociétés de psychanalyse était démocratique. Il m’a répondu qu’il ne l’était guère, et qu’il était difficile d’y exprimer des critiques. Bien plus tôt, Jeanne Favret-Saada (1977) a démissionné de l’École Freudienne de Paris « comme de toute institution analytique » (p. 2) en faisant une critique sévère de son fonctionnement. Retour au texte

12 Bessel Van der Kolk (2018), Muriel Salmona (2022), Sokhna Fall (2022), Louis Jehel et al., (2023), Amaury Mengin et Julie Rolling (2023), Thierry Baubet et Guillaume Vaiva (2023). Retour au texte

Citer cet article

Référence électronique

Daniel Delanoë, « De Dora à #Metoo : culture du viol, culture de l’inceste et perspectives critiques en psychanalyse », Psychologies, Genre et Société [En ligne], 5 | 2025, mis en ligne le 17 décembre 2025, consulté le 19 décembre 2025. URL : https://www.psygenresociete.org/556

Auteur·ice

Daniel Delanoë

Daniel Delanoë est psychiatre, psychothérapeute et anthropologue, responsable de l’Unité Mobile Transculturelle de l’Établissement public de santé Barthélemy Durand, à Étampes, dans l’Essonne, associé à la Maison de Solenn Maison des Adolescents, Cochin, Paris, membre du comité de rédaction de la revue L’autre, clinique, culture, société. Il est depuis 2022 co-organisateur, avec Claire Mestre, du séminaire Les dominations, un impensé de la psychanalyse ? Et du colloque Quelles psychanalyses pour penser les dominations et soigner leurs effets ? 21 janvier 2026, La Maison des Réfugiés, Paris.

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